empêché

empêché, ée

adj. Retenu par un empêchement.

⇒EMPÊCHÉ, ÉE, part. passé et adj.

I.— Part. passé de empêcher.

II.— Adjectif

A.— [Correspond à empêcher A]

1. [Dans des constr. prép., en parlant d'une pers. ou d'un animal] Embarrassé dans un obstacle qui limite les mouvements. Synon. empêtré. Jehan (...) assez empêché de sa lourde armure (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 480). Une vache (...) empêchée et prise dans le travail [d'un maréchal-ferrant] (HUGO, Rhin, 1842, p. 383).

— P. métaph. Une route de traverse, où il [l'esprit français] était empêché depuis près de deux siècles (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 3, 1869, p. 170).

2. [Non suivi de prép.] Qui est pris dans un obstacle. Les marauds, (...) ne pouvaient se défendre, ayant les mains empêchées (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 420).

B.— [Correspond à empêcher B]

1. [En parlant d'une pers.]

a) [dans des constr. prép.]

♦ Empêché par + subst. Gêné par une indisposition, une maladie. Je suis dans ce moment fort empêché par un rhumatisme dans le cou (FLAUB., Corresp., 1853, p. 312).

— En partic. Retenu par un état de santé ou par des obligations qui empêchent d'être présent quelque part. M. de Faverges pria ses hôtes d'excuser la comtesse, empêchée par une migraine (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 43). Philibert Messelon, déjà empêché par l'âge, avait tenu à ce que Claquebue fût représenté aux obsèques (AYMÉ, Jument, 1933, p. 191).

— P. anal. [En parlant d'un inanimé concr.] Vigne à la végétation empêchée par le phylloxéra (HAMP, Champagne, 1909, p. 117).

♦ Vieilli. Empêché à + verbe à l'inf. Occupé à une chose dont on se tire avec difficulté. Ministres fort empêchés à écarter de leur chemin les citoyens incorruptibles (COURIER, Pamphlets pol., Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 44). V. aussi abécédaire, ex. 9.

♦ Empêché de + verbe à l'inf. Incapable de. Je serais empêché de soutenir qu'un livre est bon ou mauvais. Je ne m'y connais pas (RENARD, Écorn., 1892, p. 10).

— Empêché de sa personne, de sa contenance. Embarrassé. Don Luis restait immobile, empêché de sa personne, l'esprit dérouté (MORAND, Flagell. Séville, 1951, p. 302).

b) [Non suivi de prép.]

— Qui est retenu par un état de santé ou par des obligations. C'est moi qui me suis chargé de l'exécuter [un ordre], le porteur se trouvant empêché (CLAUDEL, Otage, I, 2, p. 236).

♦ En partic., vieilli. Empêchée. Enceinte. Elle est fort empêchée présentement... Elle est grosse... (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, t. 1, 1870, p. 79).

— [La pers. est atteinte dans sa liberté d'esprit, dans l'aisance de son comportement]

♦ Qui est placé dans une situation inextricable. J'ai été l'homme le plus tiraillé et le plus empêché du monde (GUÉRIN, Corresp., 1838, p. 365).

♦ Qui est démuni et malhabile. Synon. incapable. [Louis XVI] gauche et empêché (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 9, 1863-69, p. 349). Un homme de théorie, fort empêché le plus souvent sur le terrain des affaires (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902-04, p. 218).

2. [En parlant d'un mouvement de l'activité humaine] Qui rencontre un obstacle à sa réalisation. Synon. contrarié, inhibé. Appétits empêchés que l'impuissance attise (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., Les Paraboles de Dom Guy, 1878, p. 331). Ces exemples de réflexes empêchés (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 108).

BBG. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 104.

Encyclopédie Universelle. 2012.